PORTRAIT : MICHEL AMANN, DIRECTEUR GÉNÉRAL, TECHNIQUE ET ARTISTIQUE

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Matière à… évoluer 

Toujours à l’affût de nouveaux challenges, Michel nous parle de l’évolution de l’entreprise, de son devenir et de son propre parcours, quelque peu atypique !

Directeur général, directeur technique et directeur artistique : ce sont beaucoup de casquettes pour un seul homme, non ?
Oui, cela fait beaucoup de choses ! En réalité, le rôle de directeur général est secondaire dans mon quotidien. J’en possède le titre car j’ai participé à la création de Crystal Group il y a 20 ans ! Ce rôle de gestionnaire d’entreprise est plutôt celui de mon associée, Clarisse Helleringer. Pour ma part, je suis beaucoup plus technico-créatif. 
Ces deux côtés, technique et artistique, sont liés et m’ont permis, depuis toujours, de réaliser toutes sortes de projets, notamment grâce à la bonne compréhension qu’ils m’offrent. La compréhension artistique de l’attente du client et la compréhension technique qui permet d’appréhender la faisabilité des choses. Cette chance de pouvoir comprendre la technique et l’artistique est un vrai régal. Si, d’un côté, la technique borde la créativité, cette dernière permet de transgresser les règles d’une technique parfois récalcitrante ! Voir plus loin que la contrainte ! Je pense, par exemple, à un projet que nous avons en cours. L’ingénieur qui fabrique nos moteurs m’explique que ce que j’ai imaginé n’est pas possible. En effet, sa machine ne peut dépasser un certain calibrage. Qu’à cela ne tienne, nous sommes allés plus loin et avons fait des tests. Depuis une semaine, la machine tourne !

« La notion d’équipe est essentielle. »

Cette capacité à conjuguer des rôles techniques et artistiques devient possible dans la mesure où l’on s’entoure de gens qui possèdent les compétences pour continuer la ligne de base. Il devient alors facile pour moi de dessiner un plan ou de tracer le dessin d’un nouvel effet ou d’une nouvelle machine. Derrière, je sais que mon équipe sera capable de transformer ces quelques traits en quelque chose de concret. Cette notion d’équipe est essentielle et regroupe aujourd’hui des gens aux profils et aux réactions différents. C’est ce qui fait notre force. 

Qui sont, justement, les collaborateurs de Crystal Group ?
Les profils qu’on retrouve à Crystal Group sont assez différents. Il y a des ingénieurs, des électriciens, des spécialistes en automation, des sculpteurs de glace, des menuisiers, des ferronniers, des soudeurs, des programmateurs, des ingé-son… Des profils certes différents mais avec les mêmes capacités d’adaptation et la même passion. Il faut avouer qu’il n’est pas donné à tout le monde de travailler chez nous ! Il faut partager cette envie d’être confronté à des problèmes quotidiennement. Quelqu’un qui veut une vie plutôt tranquille risquerait de ne pas être à l’aise !

Parlez-nous de votre parcours personnel ?
J’ai commencé dans l’univers de la boulangerie, pâtisserie et chocolaterie. Dès les premières années, vers 18 ans, je me suis davantage intéressé à la partie déco. Je m’occupais des pièces montées et des pièces en sucre. Créer de belles choses m’attirait déjà. À l’époque, il fallait travailler tard le soir pour imaginer de belles réalisations et cette implication me plaisait.
Un jour, on m’a demandé de réaliser une sculpture en glace. De là est née ma passion pour cet art ! J’ai rapidement déposé un brevet sur la technique de fabrication d’une glace translucide puis, avec Clarisse, nous avons créé l’une des premières entreprises françaises spécialisées dans la sculpture sur glace. Cette société représente aujourd’hui le plus ancien de nos pôles.  
L’histoire continue lorsqu’on m’a demandé de réaliser une patinoire. Cette première patinoire, nous l’avons réalisée avec des blocs de glace, ce qui, il faut bien le reconnaître, n’est absolument pas la bonne méthode ! Mais c’était il y a 20 ans !
Grâce à cette demande client, nous avons inclus à notre activité la glisse, le givre et la neige, en rachetant une entreprise spécialisée dans les patinoires. 

Cette société possédait un petit département fontaines. Dans les années 2002/2003, j’ai voulu prendre en main cette nouvelle activité et sortir un peu de la sculpture sur glace. Le terrain de jeu était différent et proposait un grand nombre de challenges à venir. 
Plus tard, les effets spéciaux sont arrivés comme une suite logique puisque nous voulions associer des flammes à nos show aquatiques. La décoration nous a également rejoints pour habiller nos créations. Ces deux activités sont aujourd’hui des pôles à part entière. 
Le département Meca est né, il y a quelques années, parce que nous avions cumulé une très bonne expertise de l’automation et de la robotisation. Ce département nous permet de proposer une autre vision du spectacle aquatique et de l’innovation technologique. 

Toutes ces matières vous permettent de multiplier vos compétences !
Oui, et je crois réellement que peu de sociétés comme Crystal Group peuvent s’enorgueillir de diversifier autant leurs réalisations. Des réalisations dans lesquelles nous mettons toute notre énergie, qu’elles soient pérennes ou éphémères, de grande ampleur ou plus modestes ! Ce qui n’est peut-être pas judicieux financièrement parlant ! Mais c’est la passion qui dicte notre conduite. 

Comment trouvez-vous l’inspiration pour concevoir tous vos projets ?
Nos idées viennent de deux sources essentielles : nos essais et tests que nous réalisons à Crystal Group, mais surtout de nos demandes clients. Ces derniers imaginent parfois des choses un peu folles et qui nous emmènent toujours plus loin. 

Ces tests et essais sont importants ?
Ils sont même essentiels ! Il s’agit de l’une des valeurs ajoutées de Crystal Group. Nous n’avons, en effet, pas peur, même pour des projets éphémères, de lancer des phases de tests importantes. On ne réfléchit pas uniquement sur des plans ou sur un ordinateur. Ce côté « expérience » est primordial et nous permet d’aller encore plus loin. Nous effectuons, en moyenne, un test par jour. Grand ou petit : une grosse installation qui nécessite des grues, une nouvelle flamme, un moteur, un nouveau soft… Finalement, notre budget Recherche & Développement représente 10% de notre chiffre d’affaires. Ce qui est, en soi, un vrai challenge pour une structure comme la nôtre.

Comment imaginez-vous Crystal Group dans dix ans ?
Je voudrais garder le cap fixé aujourd’hui, c’est-à-dire que chaque projet soit une réalisation différente, élégante et innovante. Nous devons être fiers de tout ce que nous faisons. Il n’y a pas longtemps un collaborateur, en triant des photos, a déclaré : « Wouah, tout ce que nous avons fait en 10 ans ! ». J’aimerais entendre cette même réflexion dans dix ans ! 
Nous devons également rester accessibles et disponibles pour nos clients. Nous avons une logique d’épicerie de quartier et c’est un côté qui me tient à cœur. La recherche d’une certaine autonomie pour tous nos collaborateurs est aussi importante. Nous avons créé un bel élan et je voudrais qu’il perdure, même sans moi ! C’est pourquoi la formation et le partage d’expérience sont des choses essentielles
Bien sûr, j’espère également que les dix prochaines années apporteront autant de beaux projets que les dix années qui viennent de s’écouler ! Je ne voudrais pas qu’on s’endorme. De toute façon, nos clients nous emmèneront toujours dans des directions nouvelles. De plus, la technologie évolue sans cesse, nous sommes « condamnés » à évoluer et à innover !

Pourriez-vous nous citer quelques réalisations qui vous ont le plus marqué ?
Exercice difficile sur une expérience de plus de 20 ans ! Surtout que le niveau même des réalisations a changé et des choses qui, aujourd’hui, paraissent simples, m’ont paru exceptionnelles il y a quelques années. 

Je me souviens d’un artiste verrier, il y a 15 ans, qui, pour la présentation de l’une de ses pièces, m’a demandé de créer et d’apporter un énorme bloc de glace pour le laisser fondre dans une cave. Le bloc devait contenir en transparence une œuvre en verre soufflé. Ce travail en soi n’était pas complexe même si le bloc de glace pesait tout de même deux tonnes et demi. J’ai tout de suite été emballé par ce projet. En réalité, le problème s’est posé au sujet de la livraison de ce bloc de glace. Comment l’apporter dans une petite cave parisienne ? À l’époque, nous ne nous sommes posés cette question qu’au moment de la création du bloc ! Au début, cette contrainte nous semblait impossible à dépasser. Nous avons même pensé à renoncer. Si aujourd’hui, la technologie nous permet de transporter des montagnes, à l’époque ce n’était pas le cas ! Pourtant, à force de persévérance, de discussions et d’échanges, nous avons trouvé une solution et créé tout un système pour passer par la fenêtre. Ne pas lâcher l’affaire ! Voilà ce qui nous caractérise.

Un très beau souvenir me revient également : en l’an 2000, le premier titre de champion du monde de sculpture sur glace. Encore une fois, la technique et l’acharnement de toute une équipe ont fini par payer ! Il s’agissait de notre 3e participation. Un grand moment que nous avons partagé avec tous les artistes sculpteurs sur glace que nous retrouvions dans cette compétition.

Finalement, comment pourriez-vous résumer Crystal Group en une seule phrase ?
Pour moi Crystal Group repose sur trois socles : le challenge, le respect, celui de la demande du client et du travail bien fait, et l’émulation du travail en équipe.